Jean Baptiste Huet
Tous les beaux motifs de toile de Jouy, que nous pouvons admirer dans le diaporama de ce blogue, n'ont pas été dénichés par monsieur Oberkampf sur google-images évidemment ! Il a fait appel à divers artistes et l'un d'eux lui a fait tout particulièrement bonne impression !
J.B. Huët, ” Couronnement de la rosière ” , Coton, impression à la plaque de cuivre, Oberkampf , conservé à l’Institute of art de Detroit
La célébrité de la manufacture de Jouy-en-Josas doit beaucoup au peintre Jean-Baptiste Huët , qui dessina pour elle de 1783 jusqu'à sa mort.
On peut dire que Jouy, c'est lui, on ne le sait pas toujours.
Jean-Baptiste Huët est né à Paris en 1745, et mort dans cette ville en 1811. Il fut tout d’abord peintre animalier, formé chez Charles Dagomer puis dans l’atelier de J.B. Leprince, et il fut reçu à l’Académie dans ” le genre des animaux ” avec ce tableau :
J.B. Huët, Dogue attaquant des oies, 1769, Louvre
Autre méchante bête volant dans les plumes :
J.B. Huët, Renard dans un poulailler, 1766, Fine arts museum San Francisco
Son maître Jean-Baptiste Leprince était un ancien élève de François Boucher, qui, on le sait moins, fit preuve d'un immense talent dans l'art du paysage campagnard, et il lui apprit à dessiner et peindre des scènes bucoliques et décoratives. J.B. Huet se constitua ainsi une clientèle friande de ses scènes pastorales.
J.B. Huët, Scène de marché , 1797-98, aquarelle, crayon, encre avec rehauts de craie , National Gallery Washington
J.B. Huët, Paysanne lavant près d’un pont, huile sur toile, Louvre
Le Louvre et le musée Nissim de Camondo conservent nombre de ses panneaux, feuilles, cartons …
J.B. Huët, deux chiens, Louvre
Consulter les pages du Louvre http://arts-graphiques.louvre.fr/fo/visite?srv=mtr&radiobutton=oeuvre&quicksearchinput=jean-baptiste+Huet
Une capeline pour toutou de luxe en toile de Jouy à ce motif serait chic, non ?
J.B. Huët, étude de plantes, Louvre
Et les roses éternelles …
J.B. Huët, Roses en couronne, Musée Magnin Dijon
Animaux, fleurs, décors champêtres, bergers et bergères, il maîtrisait tout ce qui fera la gloire de la manufacture.
Les dessins étaient gravés sur des plaques de cuivre pour l’impression, et plus tard, ils furent gravés sur des cylindres qui permettaient une impression plus rapide. La manufacture de Jouy-en-Josas employa environ mille artisans, et les ouvrières femmes étaient payées la moitié prix par rapport aux hommes. La révolution, pas féministe encore, n’avait pas remédié à cette injustice.
J.B. Huët, Les travaux de la manufacture, Coton imprimé à la plaque de cuivre, 1783-84, Metropolitan museum of art New York
Lire la page du MET http://www.metmuseum.org/toah/hd/txt_p/ho_26.233.8,27.44.3.htm
La manufacture s’était installée à Jouy près de Versailles pour profiter de l’eau pure de la rivière la Bièvre.
Bonaparte , de retour d’Egypte, inspira la création :
J.B. Huët d’après des études de Louis François Cassas, Les monuments d’Egypte, 1808, coton imprimé au rouleau, MET New York
Lire la page du MET ici
Trêve de discours ... La toile de Jouy appartient à mes plus doux souvenirs, comme Nounours et Pimprenelle dans ” Bonne Nuit les Petits “, elle accompagnait mon sommeil. Mes parents ont souvent déménagé, et de mes diverses chambres, celle qui me reste le mieux imprimée en mémoire avait des rideaux en toile de Jouy. Je contemplais les scènes champêtres avant de m’endormir, je me balançais avec la bergère sur son escarpolette, j’écoutais le chien aboyer devant le chasseur, je puisais de l’eau au moulin, et puis, quand la promenade m’avait assez fatiguée, je faisais dodo.
Je crois que cette toile a bercé les rêves de nombreuses petites filles. Nous ne connaissions pas le nom de l’artisan de nos songes. Huët. Avec ou sans tréma. La diérèse est jolie, ajoute à la féérie !